Chômage et création d’entreprise : ce qui change en avril 2025
Créer une entreprise en étant au chômage est une solution de plus en plus fréquente. Grâce aux aides versées par France Travail (anciennement Pôle emploi), les porteurs de projet peuvent bénéficier d’un soutien financier essentiel au démarrage de leur activité.
Mais à compter du 1er avril 2025, de nouvelles règles issues de la convention d’assurance chômage du 15 novembre 2024 modifient en profondeur les dispositifs d’indemnisation. Elles concernent principalement les bénéficiaires de l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi) et de l’ARCE (aide à la reprise ou à la création d’entreprise).
Pourquoi cette réforme ?
L’objectif principal de cette réforme est de recentrer les dispositifs d’aide sur leur vocation première : favoriser un retour à l’emploi durable tout en limitant les abus et les effets d’aubaine. Ces nouvelles mesures ont un impact direct sur les créateurs et repreneurs d’entreprise.
Ce qui change au 1er avril 2025
1. Un plafonnement du cumul ARE et revenus d’activité à 60 %
Jusqu’à présent, un demandeur d’emploi pouvait cumuler ses allocations chômage avec les revenus issus de son activité entrepreneuriale, dans la limite d’un montant mensuel calculé en fonction de ses revenus.
Désormais, le cumul de l’ARE avec les revenus non salariés est plafonné à 60 % des droits initiaux.
Exemple : si vous avez 15 000 € de droits à l’ARE, vous ne pourrez en percevoir que 9 000 € dans le cadre de ce cumul.
Une fois ce plafond atteint, les versements de l’ARE sont suspendus. Les 40 % restants de vos droits seront conservés mais ne pourront être récupérés que si vous cessez définitivement votre activité non salariée.
Un recours est toutefois possible auprès de l’Instance Paritaire Régionale (IPR) si votre activité ne génère aucun revenu. Ce maintien est accordé de manière exceptionnelle.
2. Une mensualisation fixe des allocations chômage
Dès avril 2025, le calcul de l’ARE sera uniformisé à 30 jours par mois, quels que soient les mois de l’année.
Conséquence : vous ne serez plus indemnisé sur 365 jours mais sur 360 jours par an, soit une réduction de cinq jours d’indemnisation annuelle.
3. Des conditions plus strictes pour percevoir l’ARCE
L’ARCE, versée en deux fois (60 % du reliquat de vos droits ARE, en deux tranches de 50 %), évolue également.
À partir d’avril 2025, le second versement ne sera effectué que si vous exercez toujours votre activité et que vous ne travaillez pas en CDI à temps plein.
Cela signifie que reprendre un emploi stable à plein temps entre les deux versements vous privera du solde de l’ARCE.
4. Une reprise des droits à l’ARE conditionnée à la cessation d’activité
Pour pouvoir reprendre vos droits à l’ARE après avoir créé votre entreprise (et bénéficié de l’ARCE ou d’un cumul partiel), il vous faudra justifier de la cessation complète de votre activité non salariée.
En outre, un différé d’indemnisation s’appliquera si vous avez perçu l’ARCE, basé sur le montant déjà reçu. Vous ne percevrez donc pas l’ARE immédiatement après la fermeture de votre activité.
Bonnes pratiques pour les créateurs d’entreprise
1. Choisissez entre ARE et ARCE selon votre projet
Optez pour l’ARCE si vous avez besoin de fonds rapidement pour investir dans votre entreprise.
Préférez le maintien de l’ARE si vous souhaitez un revenu mensuel régulier au début de votre activité.
Prenez le temps de faire une simulation et de comparer les deux options selon votre situation.
2. Prévoyez une trésorerie de secours
Anticipez une éventuelle période sans revenu (fin d’ARE, différé après ARCE, délai de reprise des droits). Une épargne personnelle ou un soutien complémentaire (microcrédit, prêt d’honneur) peut vous sécuriser dans cette phase.
3. Respectez les obligations déclaratives
Déclarez vos revenus réels chaque mois à France Travail.
Conservez les justificatifs de votre activité.
Renseignez-vous sur les délais à respecter en cas de cessation pour réactiver vos droits.
4. Faites-vous accompagner
De nombreux dispositifs existent pour vous soutenir : BGE, CCI, CMA, incubateurs, réseaux d’accompagnement à la création.
Un bon accompagnement permet d’éviter les erreurs administratives, de préparer son business plan et d’optimiser ses choix financiers.
En résumé
Cette réforme marque un tournant dans l’accompagnement des entrepreneurs par l’assurance chômage. Elle renforce la logique de responsabilisation, avec une incitation plus forte à développer une activité viable à court terme.
Les aides restent accessibles, mais avec des conditions renforcées. Il est donc essentiel de bien s’informer, de calculer ses droits et d’anticiper les étapes clés du projet.